police nationale

Ce tag est associé à 2 articles

Haïti : à la recherche d’un Etat et d’une souveraineté


La récente mise en place d’un Conseil électoral permanent (CEP), a relancé un débat essentiel pour Haïti : la forme des institutions. Cette question est incontournable car elle est au cœur du problème haïtien. Depuis la chute du régime duvaliériste, Haïti connait une instabilité politique constante et une dégradation globale. Economie en berne, insécurité, le pays est en crise. Les Haïtiens cherchent par tous les moyens à mettre en place une démocratie digne de ce nom. Exercice difficile, il faut du temps et beaucoup de chutes pour construire une démocratie.

Cliquez pour visiter le blog de Charles.

La quête de la démocratie s’est traduite par une instabilité politique chronique. Depuis la chute de Duvalier, le pays a connu maints coups d’états, démissions, soulèvements… ou plus simplement, et récemment, crises gouvernementales. Mais au-delà de cette instabilité, nous avons assisté à une dégradation des institutions étatiques. Manque de moyens, corruption ou décisions absurdes, les services publics haïtiens fonctionnent très mal voire pour certain n’existent plus du tout. La dissolution de l’Armée est un exemple, et la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’est jamais parvenue à la remplacer. Cette déliquescence de l’Etat est liée à l’instabilité…et elle en est aussi la cause ! Fatal cercle vicieux ! Les élections organisées par cet Etat faible sont régulièrement soupçonnées d’irrégularités, ce qui est sources de conflits, de crises et donc d’instabilité. L’instabilité engendre la faiblesse, la faiblesse engendre l’instabilité : Haïti est prise au piège d’une spirale infernale qui a pour principale conséquence l’absence d’état de droit et des infrastructures en mauvais état. Sécurité non-garantie, équipements routiers et énergétiques en mauvais état, tout ce qui constitue la base d’une vie économique et sociale est absent. Les investisseurs se découragent vite et les richesses d’Haïti restent inexploitées.

Les missions régaliennes de l’Etat sont assumées par des puissances étrangères. La MINUSTAH a remplacé l’Armée, les ONG quant à elles prennent la place des services sociaux ou des structures que la société civile haïtienne peine à faire vivre. Daniel Rouzier, peu après l’élection de Michel Martelly, avait surnommé Haïti « la République des ONG ». Il avait raison, tant celles-ci jouent le rôle de l’Etat et de la société civile haïtienne. Elles font du bon travail, mais il faut souhaiter que ce travail soit provisoire car Haïti a aussi vocation à se relever et à pouvoir assumer ses missions elle-même.

La spirale de l’instabilité et de la dégradation de l’Etat a donc eu deux conséquences : l’appauvrissement du pays et la perte de sa souveraineté. Dans un tel contexte, c’est tout simplement la démocratie qui ne peut être installée.

Comment sortir de cette spirale ?

La fin de ce cercle vicieux commencera par la mise en place d’institutions solides et légitimes. La restauration des services publics est la base de la reconstruction du pays. Lutte contre la corruption, moyens supplémentaires pour la PNH, refondation de l’Armée, l’Etat haïtien doit pouvoir assumer lui-même le premier service public qui est celui de la sécurité. L’insécurité est la première cause de la paralysie de l’économie du pays et de l’émigration des élites. En réglant ce problème, le pays pourra commencer à redécoller.

Mais pour cela, il faut aussi un gouvernement stable et incontesté. L’initiative du Président Martelly de mettre en place un Conseil électoral permanent est salutaire. En effet, sous sa forme provisoire, le conseil électoral était une instance trop fragile, trop vulnérable. En devenant permanent, il sera pleinement dans son rôle d’organisateur de la démocratie et de gardien de la légitimité du vote.  Cette institution n’est pas sans rappeler le Conseil constitutionnel de la République française, qui a un rôle de contrôle de constitutionnalité et de juge des élections. Mais l’originalité du CEP, est qu’il n’est pas que juge des scrutins, il les organise de même qu’il s’intéresse aussi au financement des partis politiques. Il s’agit d’un organe original, distinct des autres Cours constitutionnelles ou Cours suprêmes.

Haïti a besoin d’un grand arbitre impartial et compétent pour garantir la stabilité et la démocratie. Le Conseil électoral permanent peut être cet arbitre. Mais il ne sera pas le seul garant de la reconstruction de l’Etat. La nouvelle Armée annoncée par Michel Martelly peut aussi marquer le renouveau et ainsi permettre le départ de la MINUSTAH.

Le projet présidentiel est mis à mal par l’opposition, c’est bien dommage, et celle-ci a tendance à bloquer le Parlement… Nous voyons là l’une des grandes difficultés d’Haïti : parler d’une seule voix, être unie autour d’un projet de restauration de l’Etat, de la souveraineté et donc de la démocratie. Il est bien entendu positif qu’il y ait une opposition et que celle-ci ait des moyens de contrôle. Mais la situation politique est autre : le Président est en cohabitation avec des chambres qui lui sont hostiles. Le sommet de l’Etat est divisé et trop souvent cela se traduit par la paralysie. La crise gouvernementale qui a suivi l’élection de Michel Martelly a été le premier symptôme de cette cohabitation. L’éviction de Gary Conille en a été le deuxième, et les différentes polémiques qui ont surgis ont été des épisodes regrettables. L’administration Martelly-Lamothe peine à faire avancer le pays, même si de nombreux projets sont en court, à cause de cette cohabitation. Or cela touche la question essentielle de la reconstruction de l’Etat, étape essentielle du relèvement d’Haïti.

Quelle solution à cette paralysie ?

Faut-il changer la Constitution ? Faut-il dissoudre le Parlement et faire de nouvelles élections ? Le gouvernement est parvenu à modifier la Constitution de 1987 pour mettre en place le CEP. Mais est-il allé assez loin ? Nous aurions pu imaginer une simplification dans la désignation du Premier ministre ? La ratification par les deux chambres semble être trop complexe, la plupart des régimes parlementaires n’ont une ratification que par une seule chambre. Cette question se pose et y répondre pourrait éviter certaines crises gouvernementales.

Reconstruire l’Etat

Les projets du Président Martelly, CEP, Armée, vont dans le sens de la reconstruction de l’Etat et de la souveraineté du pays. Cette démarche est positive, mais l’un des problèmes majeurs du pays n’est toujours pas réglé : la paralysie du pouvoir qui est l’autre visage de l’instabilité. Si un gouvernement parvient à avoir les mains libres, et qu’avec ces mains il remet en place des institutions fortes et intègres, alors Haïti quittera la spirale infernale qui est à l’origine de la misère qu’elle connait actuellement.

Merci d’avoir lu, commenté et partagé cet article. « Dièz ak Bemòl” est un blog d’opinions libres que vous pouvez utiliser pour publier vos textes ou faire la promotion d’Haiti en Photo envoyez vos photos à contactez@diezakbemol.com.

Le cercle des grands protecteurs du rêve Haïtien


L’une des scènes les plus marquantes du film “Atlantide, l’empire perdu”, c’est le moment où les géants se réveillent ouvrant leurs larges bras pour former un bouclier protégeant ainsi l’empire en danger. Cette scène peut émouvoir n’importe qui et puisqu’Haïti d’après certains scientifiques est une partie de cet empire perdu, il est donc facile en tant que fils/fille de cette terre de se sentir traversé par un sentiment aigre-doux en le voyant. Voyez-vous, malgré les catastrophes, malgré les déboires ainsi que toutes les difficultés auxquels nous faisons face, nous sommes toujours présents, toujours en quête de paix, de prospérité et de félicité. C’est sans doute grâce à l’intelligence infinie d’abord mais aussi grâce au cercle des grands esprits protecteurs qui ont vécu sur ce sol, des gens encore vivants ou morts qui nous donnent espoir que le rêve haïtien existe toujours : Liberté et paix pour tous.

Comme dans Atlantide, pour nous les grands géants qui nous couvrent sont Malya Villard-Appolon victime de viol. Son mari est mort après avoir été battu par ses agresseurs ; sa jeune fille a été violée sous les tentes de champ de mars. Rapportant les faits à la police nationale, ces derniers n’ont rien voulu faire pour l’aider à écrouer les responsables. Décidée, elle prend les choses en main en donnant une réponse « vaginique » appropriée à ces bandes d’incapables, mettant en place la KOFAVIV une organisation qui vise à aider les victimes de viols à rompre leur silence. Plutôt que de se laisser consumer par la rancœur, la vengeance ou même encore à prendre des actions violentes et agressives, vous remarquerez dans son geste qu’elle a  choisi de mettre en  pratique la philosophie de Desmond Tutu, tous deux comprenant que « garder le silence quand les choses vont mal est une forme de complicité ».

Qui n’a pas entendu parler de ce géant connu sous le nom de Patrice Millet ? CNN Heroe, fondateur de FONDAPS (Fondation Notre-Dame du Perpétuel Secours) qui est un programme de football pour enfants à but non lucratif fournissant du matériel gratuit, du coaching et de la nourriture. Il a desservi des centaines d’enfants des bidonvilles d’Haïti. Et si vous ne voyez que le foot, détrompez-vous, il utilise cela à une fin utile : celle d’enseigner aux enfants comment devenir des citoyens responsables.

Aujourd’hui, journée mondiale de la paix, on ne saurait conclure sans mentionner le professeur Gérard Pierre-Charles candidat en 2003 au prix Nobel de la paix. Engagé politiquement pour la démocratie et la paix dans le pays, ce géant n’a pas seulement publié des essais sur le développement de l’Amérique latine et de la caraïbe il a aussi agi en fondant l’Organisation du peuple en lutte pacifique (OPLP).

Le cercle des grands protecteurs du rêve haïtien, ce sont tous ces hommes et femmes qui malgré le grand flux de négativisme dans le pays ne se laisse pas entraîner par la foule et continue à sortir des sentiers battus. C’est tous ceux et celles qui ont écrit l’histoire de ce pays avec leur sang, c’est vous et moi qui œuvrons pour une Haïti meilleure en jouant chacun notre partition sans attendre en retour ni même espérer que nous soyons compris des autres. Ils sont nombreux, ils sont tous en nous, parmi nous et ne cesseront jamais d’exister. Ils sont ceux qui nous ont appris et qui nous apprennent la valeur et l’importance de la paix.

Merci d’avoir lu et commenté cet article. « Dièz ak Bemòl” est un blog d’opinions libres que vous pouvez utiliser pour publier vos textes ou faire la promotion d’Haiti en Photo envoyez vos photos à contactez@diezakbemol.com. Si vous n’avez pas encore lu notre dernier article cliquez ici SVP.

Visitez Haiti en Photo.

Visitez Haiti en Photo / Visit Haiti in Pictures

.

We Follow you Back

Les plus populaires

DU CALME, LE VOYAGE EST SI COURT !
Le créole: une langue ou un dialecte?

Insérez votre courrier électronique pour participer avec nous dans ce projet de vendre une autre image d\'Haïti. \"Je Participe\"